Allez ; fuyez surtout loin d’un persécuteur…
En la faisant partir je m’arrache le cœur.
(A Elpénor.)
Me reprocheras-tu que l’amour soit mon maître ?
Favori d’Agathocle ! apprends à me connaître.
J’honore la vertu, le malheur m’attendrit ;
C’est à toi de juger si l’amour m’avilit.
Scène V.
Grands dieux ! qui par ses mains brisez mon joug funeste,
Est-il dans votre Olympe une âme plus céleste ?
Et n’est-ce pas ainsi qu’autrefois les mortels,
En s’approchant de vous, méritaient des autels ?
(A la prêtresse.)
Hélas ! vous faisiez craindre à mon âme offensée
Que sa pure vertu ne fût intéressée !
Je l’admire avec vous ; je crois voir aujourd’hui
Le sang de nos tyrans purifié par lui.
On dit qu’il fut nourri dans Sparte et dans Athènes ;
Il en a le courage et les vertus humaines.
Quelle grandeur modeste en offrant ses secours !
Que mon cœur qui m’échappe est plein de ses discours !
Comme en me défendant il s’oubliait lui-même !
A la cour des tyrans est-ce ainsi que l’on aime ?
Je n’ai point à rougir de ses soins généreux ;
Ils ne sont point l’effet d’un transport amoureux :
Ses sentiments sont purs, et je suis sans alarmes.
Oui, mon bonheur commence.
Et vous versez des larmes !
Je pleure, je le dois : l’excès de ses bontés,
Sa gloire, sa vertu… tout m’attendrit…
Partez.