On saisissait sa fille au nom de votre frère !…
En cet affreux moment leur troupe sanguinaire
Recule de surprise à votre auguste aspect ;
Tant le juste aux pervers imprime de respect !
De ce respect, Seigneur, je m’écarte sans doute ;
Mais l’horreur où je suis, l’horreur que je redoute,
Sont ma fatale excuse en cette extrémité ;
Et de votre grand cœur la noble humanité
Daignera jusqu’au bout, propice à ma misère,
Sauver ma liberté des transports de son frère.
Oui, oui, je défendrai contre ce furieux
Ce dépôt si sacré que je reçois des dieux.
Je vous prends sous ma garde au péril de ma vie.
Par vos rares vertus je suis plus asservie
Que par cet esclavage où me réduit le sort.
Je détestais le jour, et j’invoquais la mort ;
Je vis par vous…
Allez ; d’un tyran délivrée,
Revoyez loin de nous votre heureuse contrée.
C’en est fait, belle Ydace… Emportez nos regrets..
De son départ, amis, qu’on hâte les apprêts.
(Au peuple qui est dans le fond.)
Nobles Syracusains, secourez l’innocence,
Contre ses ravisseurs embrassez sa défense.
(A la prêtresse.)
Prêtresse de Cérès, unissez-vous à moi ;
Parlez au nom des dieux, et surtout de la loi :
Qu’Ydace enfin soit libre, et que de ce rivage
Avec son digne père on la mène à Carthage.
(Au peuple.)
Qu’aucun de vous n’exige et qu’il n’ose accepter
Le prix dont ce vieillard la voulait racheter.
Liberté ! liberté ! tu fus toujours sacrée
Quand on la met à prix elle est déshonorée.
(A la prêtresse.)
Protégez cet objet que je vous ai rendu ;
Aux persécutions dérobez sa vertu ;
Qu’elle sorte aujourd’hui de cette terre affreuse.
Ydace ! loin de moi vivez longtemps heureuse ;