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Pour délivrer l’enfant que les dieux m’ont laissé.
Des premiers jours de paix je saisis l’avantage ;
Je reviens arracher Ydace à l’esclavage :
Aux pieds de ton tyran j’apporte sa rançon ;
Et, dès que l’avarice ouvrira sa prison,
Je retourne à Carthage achever ma carrière.
Là je ne verrai point, couchés dans la poussière,
Sous les pieds d’un tyran les mortels avilis :
Je mourrai libre au moins… Va, sers dans ton pays.

ÉGESTE.

Tu ne partiras point sans me coûter des larmes.
Sous ce roi que tu hais je porte ici les armes ;
Nos devoirs différents n’ont point rompu les nœuds
De la vieille amitié qui nous unit tous deux.
J’ai vu ta fille Ydace ; et partageant ses peines,
Autant que je l’ai pu, j’ai soulagé ses chaînes.

YDASAN.

Tu m’attendris, Égeste… Est-ce auprès de ces murs
Qu’elle traîne ses jours et ses malheurs obscurs ?
Où la trouver ? Comment me rendrai-je auprès d’elle ?

ÉGESTE.

Dans les débris d’un temple est sa prison cruelle,
Auprès de cette place, et non loin du séjour,
De ce séjour superbe où le roi tient sa cour.

YDASAN.

Une cour ! des prisons ! quel fatal assemblage !
Ainsi le despotisme est près de l’esclavage.
Ce palais est bâti des marbres qu’autrefois
L’heureuse liberté consacrait à nos lois.
Ne pourrai-je à mon sang parler sous ces portiques ?
Je les ai vus ornés de nos dieux domestiques :
Mais nos dieux ne sont plus… Puis-je au moins présenter
Cette faible rançon que je fais apporter ?
Agathocle, ton roi, daignera-t-il m’entendre ?

ÉGESTE.

A ce détail indigne il ne veut plus descendre ;
Sa grandeur abandonne à l’un de ses enfants
Du lucre des combats les soins avilissants.

YDASAN.

A qui dans ma douleur faut-il que je m’adresse ?

ÉGESTE.

A son fils Polycrate, objet de sa tendresse,