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ACTE V


Scène I

alexis, memnon.
memnon

Oui, quelquefois, sans doute, il est plus difficile
De s'assurer chez soi d'un sort pur et tranquille
Que de trouver la gloire au milieu des combats
Qui dépendent de nous moins que de nos soldats.
Je vous l'ai dit : Irène, en sa juste colère,
Ne pardonnera point l'attentat sur son père.

alexis

Mais quoi ! Laisser près d'elle un maître impérieux
Qui lui reprochera le pouvoir de ses yeux ;
Qui, lui faisant surtout un crime de me plaire,
Et tournant à son gré ce coeur souple et sincère,
Gouvernant sa faiblesse, et trompant sa candeur,
Va changer par degrés sa tendresse en horreur !
Je veux régner sur elle ainsi que sur Byzance,
La couvrir des rayons de ma toute-puissance ;
Et que ce maître altier, qui veut donner la loi,
Soit aux pieds de sa fille, et la serve avec moi.

memnon

Vous vous trompiez, César ; j'ai prévu vos alarmes ;
Vous avez contre vous tourné vos propres armes.
C'en est fait ; je vous plains.

alexis

Tu m'as donc obéi ?

memnon

C'était avec regret ; mais je vous ai servi :
J'ai saisi ce vieillard ; et César qui soupire
Des faiblesses d'amour m'apprend quel est l'empire.