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" tes mains à ton monarque ont arraché la vie ;
N'épouse point sa veuve. " ou si de cette voix
Vous osez dédaigner les éternelles lois,
Allez ravir ma fille, et cherchez à lui plaire,
Teint du sang d'un époux et de celui d'un père :
Frappez...

alexis

,

en se détournant.

Je ne le puis... et, malgré mon courroux,
Ce coeur que vous percez s'est attendri sur vous.
La dureté du vôtre est-elle inaltérable ?
Ne verrez-vous dans moi qu'un ennemi coupable ?
Et regretterez-vous votre persécuteur
Pour élever la voix contre un libérateur ?
Tendre père d'Irène, hélas ! Soyez mon père ;
D'un juge sans pitié quittez le caractère ;
Ne sacrifiez point et votre fille et moi
Aux superstitions qui vous servent de loi ;
N'en faites point une arme odieuse et cruelle,
Et ne l'enfoncez point d'une main paternelle
Dans ce coeur malheureux qui veut vous révérer,
Et que votre vertu se plaît à déchirer.
Tant de sévérité n'est point dans la nature ;
D'un affreux préjugé laissez là l'imposture ;
Cessez...

léonce

Dans quelle erreur votre esprit est plongé ?
La voix de l'univers est-elle un préjugé ?

alexis

Vous disputez, Léonce, et moi je suis sensible.

léonce

Je le suis comme vous... le ciel est inflexible.

alexis

Vous le faites parler : vous me forcez, cruel,
À combattre à la fois et mon père et le ciel.
Plus de sang va couler pour cette injuste Irène,
Que n'en a répandu l'ambition romaine :
La main qui vous sauva n'a plus qu'à se venger.
Je détruirai ce temple où l'on m'ose outrager ;
Je briserai l'autel défendu par vous-même,
Cet autel en tout temps rival du diadème,
Ce fatal instrument de tant de passions,
Chargé par nos aïeux de l'or des nations,