Je vous y conduirai ; j'en connais le chemin :
Je vais tout préparer... jurez à votre père,
Par le dieu qui m'amène, et dont l'oeil vous éclaire,
Que vous accomplirez dans ces tristes remparts
Les devoirs imposés aux veuves des césars.
Ces devoirs, il est vrai, peuvent sembler austères :
Mais, s'ils sont rigoureux, ils me sont nécessaires.
Qu'alexis pour jamais soit oublié de nous.
Quand je dois l'oublier, pourquoi m'en parlez-vous ?
Je sais que j'aurais dû vous demander pour grâce
Ces fers que vous m'offrez, et qu'il faut que j'embrasse.
Après l'orage affreux que je viens d'essuyer,
Dans le port avec vous il faut tout oublier.
J'ai haï ce palais, lorsqu'une cour flatteuse
M'offrait de vains plaisirs, et me croyait heureuse :
Quand il est teint de sang, je le dois détester.
Eh ! Quel regret, seigneur, aurais-je à le quitter ?
Dieu me l'a commandé par l'organe d'un père ;
Je lui vais obéir, je vais vous satisfaire ;
J'en fais entre vos mains un serment solennel...
Je descends de ce trône, et je marche à l'autel.
Adieu : souvenez-vous de ce serment terrible.
Il sort.
Scène V
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Quel est ce joug nouveau qu'à votre coeur sensible
Un père impose encore en ce jour effrayant ?
Oui, je le veux remplir ce rigoureux serment ;
Oui, je veux consommer mon fatal sacrifice.
Je change de prison, je change de supplice.
Toi qui, toujours présente à mes tourments divers,
Au trouble de mon coeur, au fardeau de mes fers,
Partageas tant d'ennuis et de douleurs secrètes,