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Le coeur dépend de toi : les malheureux humains
Sont les vils instruments de tes divines mains.
Dans ce désordre affreux veille sur Nicéphore :
Et, quand pour mon époux mon désespoir t'implore,
Si d'autres sentiments me sont encor permis,
Dieu, qui sais pardonner, veille sur alexis.


Scène VI

.

Irène,Zoé.
zoé

Ils sont aux mains ; rentrez.

irène

Et mon père ?

zoé

Il arrive ;
Il fend les flots du peuple, et la foule craintive
De femmes, de vieillards, d'enfants, qui dans leurs bras
Poussent au ciel des cris que le ciel n'entend pas.
Le pontife sacré, par un secours utile,
Aux blessés, aux mourants, en vain donne un asile :
Les vainqueurs acharnés immolent sur l'autel
Les vaincus échappés à ce combat cruel.
Ne vous exposez point à ce peuple en furie.
Je vois tomber Byzance, et périr la patrie
Que nos tremblantes mains ne peuvent relever ;
Mais ne vous perdez pas en voulant la sauver :
Attendez du combat au moins quelque nouvelle.

irène

Non, Zoé ; le ciel veut que je tombe avec elle :
Non, je ne dois point vivre en nos murs embrasés,
Au milieu des tombeaux que mes mains ont creusés.