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Scène IV

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alexis, irène, memnon.
irène

Où courez-vous ? Ô ciel !
alexis ! Arrêtez : que faites-vous ? Cruel !
Demeurez ; rendez-vous à mes soins légitimes ;
Prévenez votre perte ; épargnez-vous des crimes.
Au seul nom de révolte on me glace d'effroi :
On me parle du sang qui va couler pour moi.
Il ne m'est plus permis, dans ma douleur muette,
De dévorer mes pleurs au fond de ma retraite.
Mon père, en ce moment, par le peuple excité,
Revient vers ce palais qu'il avait déserté ;
Le pontife le suit ; et, dans son ministère,
Du dieu que l'on outrage atteste la colère.
Ils vous cherchent tous deux dans ces périls
Pressants. Seigneur, écoutez-les.

alexis

irène, il n'est plus temps :
La querelle est trop grande : elle est trop engagée.
Je les écouterai quand vous serez vengée.



Scène V

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irène

Il me fuit ! Que deviens-je ? Ô ciel ! Et quel moment !
Mon époux va périr ou frapper mon amant !
Je me jette en tes bras, ô dieu qui m'as fait naître !
Toi qui fis mon destin, qui me donnas pour maître
Un mortel respectable et qui reçut ma foi,
Que je devais aimer, s'il se peut, malgré moi !
J'écoutai ma raison ; mais mon âme infidèle,
En voulant t'obéir, se souleva contre elle.
Conduis mes pas, soutiens cette faible raison ;
Rends la vie à ce coeur qui meurt de son poison ;
Rends la paix à l'empire aussi bien qu'à moi-même.
Conserve mon époux ; commande que je l'aime.