Irène prisonnière ! Est-il bien vrai, Memnon ?
Le tombeau, pour les grands, est près de la prison.
Ô ciel !... de tes projets Irène est-elle instruite ?
Elle en peut soupçonner et la cause et la suite :
Le reste est inconnu.
Gardons de l'affliger,
Et surtout, cher ami, cachons-lui son danger.
L'entreprise bientôt doit être découverte ;
Mais c'est quand on saura ma victoire ou ma perte.
Nos amis vont se joindre à ces braves soldats.
Sont-ils prêts à marcher ?
Seigneur, n'en doutez pas :
Leur troupe en ce moment va s'ouvrir un passage.
Croyez que l'amitié, le zèle, et le courage,
Sont d'un plus grand service, en ces périls pressants,
Que tous ces bataillons payés par des tyrans.
Je les vois avancer vers la porte sacrée ;
L'empereur va lui-même en défendre l'entrée :
Du peuple soulevé j'entends déjà les cris.
Nous n'avons qu'un moment ; je règne, ou je péris :
Le sort en est jeté. Prévenons Nicéphore.
- Aux soldats.
Venez, braves amis, dont mon destin m'honore ;
Sous Memnon et sous moi vous avez combattu ;
Combattez pour Irène, et vengez sa vertu.
Irène m'appartient ; je ne puis la reprendre
Que dans des flots de sang et sous des murs en cendre :
Marchons sans balancer.