Tombant du haut du trône en l'éternel oubli,
Où leur nom d'un moment se perd enseveli.
Il est temps qu'à Byzance on reconnaisse un homme
Digne des vrais césars, et des beaux jours de Rome.
Byzance offre à vos mains le souverain pouvoir.
Ceux que j'y vis régner n'ont eu qu'à le vouloir :
Portés dans l'hippodrome, ils n'avaient qu'à paraître
Décorés de la pourpre et du sceptre d'un maître ;
Au temple de Sophie un prêtre les sacrait,
Et Byzance à genoux soudain les adorait.
Ils avaient moins que vous d'amis et de courage ;
Ils avaient moins de droits : tentez le même ouvrage ;
Recueillez les débris de leurs sceptres brisés ;
Vous régnez aujourd'hui, seigneur, si vous l'osez.
Ami, tu me connais : j'ose tout pour Irène :
Seule elle m'a banni, seule elle me ramène ;
Seule sur mon esprit encore irrésolu
Irène a conservé son pouvoir absolu.
Rien ne me retient plus : on la menace, et j'aime.
Je me trompe, seigneur, ou l'empereur lui-même
Vient vous dicter ses lois dans ce lieu retiré.
L'attendrez-vous encore ?
Oui, je lui répondrai.
Déjà paraît sa garde : elle m'est confiée.
Si de votre ennemi la haine étudiée
A conçu contre vous quelques secrets desseins,
Nous servons sous Comnène, et nous sommes romains.
Je vous laisse avec lui.
Il se retire dans le fond, et se met à la tête de la garde.
Scène II
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Prince, votre présence
A jeté dans ma cour un peu de défiance.