Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/313

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE V, SCÈNE IV. 303

11 pourrait eiïraycr et mon sexe et mon âge…

Il est coupable… aflVeux… mais vous m’y réduisez…

Le voici.

(Elle se tue.)

SCÈNE IV.

LKONOUE, renversée dans un fauteuil ; ELVIRE, la soutenant ;

TRANSTAMARE ALMÈDE, auprès d’elle ; GUESGLIX

et la SUITE, au fond du théâtre.

GUESGLIX, entrant au moment où Léonorc parlait.

Ciel ! mes yeux seraient-ils abusés ? Don Pèdre assassiné ! Léonore expirante !

TRANSTAMARE, courant à Léonore.

Tu meurs ! ô jour sanglant d’horreur et d’épouvante !

LÉONORE,

Laisse-moi, malheureux ! Que l’importent mes jours ? Va, je hais ta pitié, j’abhorre ton secours…

(Elle fait effort pour prononcer ces deux yers-ci :)

A ta seule clémence, ô Dieu ! je m’abandonne ! Pardonne-moi ma mort : c’est hii qui me la donne.

TRANSTAMARE.

OÙ suis-je ? et qu’ai-je fait !

GUESCLIN.

Deux crimes que le ciel Aurait dû prévenir d’un supplice éternel… Enfin vous régnerez, barbare que vous êtes, Vous jouirez en paix des horreurs que vous faites : Vous aurez des flatteurs à vous plaire assidus, Des suppôts du mensonge à vos ordres vendus. Qui tous, dissimulant une action si noire, Se déshonoreront pour sauver votre gloire : Moi, qui n’ai jamais su ni feindre ni plier. Je vous dégrade ici du rang de chevalier : Vous en êtes indigne, et ce coup détestable Envers l’honneur et moi vous a fait trop coupable. Tyran, songez-vous bien qu’un frère infortuné, Assassiné par vous, vous avait pardonné ? Je retourne à Paris faire rougir mon maître Qui vous a protégé ne pouvant vous connaître ;