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302 DON 1’I : DKE.

Mène-moi chez ma mère, au fond de ce palais, Que j’expire avec elle, et que je meure en paix.. Ali ! don Pèdre…

(Elle retombe.)

SCÈNE III.

LÉONORE, MENDOSE, TRAXSTAMARE, ELVIRE,

SUITE.

TRANSTAMARE.

Arrêtez, Qu’on garde l’infidèle, Qu’on arrête Mendose, et qu’on veille autour d’elle…

Madame, c’est ici que je viens rappeler Des serments qu’un tyran vous a fait violer. Vous n’êtes plus soumise au joug honteux d’un traître, Qui, perfide envers moi, vous obligeait à l’être. J’ajoute la Castille k tant d’autres États Envahis par don Pèdre et gagnés par mon bras : Le diadème et vous, vous êtes ma conquête. Vainqueur de mon tyran, ma main est toujours prête A mettre à vos genoux trois sceptres réunis, Qu’aujourd’hui la valeur et le sort m’ont remis. Rome me les donnait par ses décrets augustes. Que le succès confirme et rend encor plus justes. J’ai pour moi le sénat, le pontife, les grands, Le jugement de Dieu qui punit les tyrans… C’est lui qui me conduit au trône de Castille ; C’est lui qui de nos rois met en mes mains la fille. Qui rend à Léonore un légitime époux. Et qui sanctifiera les droits que j’ai sur vous. J’ai honte, en ce moment, de vous aimer encore ; Mais, puisqu’un ennemi m’enleva Léonore, Je reprends tous mes droits que vous avez trahis. Lorsque j’ai combattu, vous en étiez le prix. Vous avez tant changé dans ce jour mémorable, Qu’un changement de plus ne vous rend point coupable. Partagez ma fortune, ou servez sous mes lois,

LÉONORE, se soulevant sur le siège où elle est penchée.

Entre ces deux partis il est un autre choix

Qui demande peut-être un peu plus de courage…