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294 DON Pl-DHi :.

DON l’i : i)RE.

Instruit do ses dosseiiis, ol non pas offrayc,

Je préfère sa haine à sa fausse amitié.

S’il feint de protéger l’enfant de l’adultère,

Le rebelle insolent qu’il appelle mon frère,

Je sais ([u’il n’a donné ces secours dangereux

Que pour mieux s’agrandir en nous perdant tous deux.

Divisez pour régner, voilà sa politique :

Mais il en est une autre où don Pèdre s’applique ;

C’est de vaincre ; et Guesclin ne doit pas l’ignorer.

Agent de Transtamare, osez-vous déclarer

Que vous lui destinez la main de Léonore ?

Léonore est ma femme… Apprenez plus encore :

Sachez que votre roi, qui semble m’accabler,

Des secrets de mon lit ne doit point se mêler ;

Que de Tliymen des rois Rome n’est point le juge.

Je demeure surpris que, pour dernier refuge,

Au tribunal de Rome on ose en appeler.

Et qu’un guerrier français s’abaisse à m’en parler.

Oubliez-vous, monsieur, qu’on vous a vu vous-même,

Vous qui me vantez Rome et son pouvoir suprême,

Extorquer ses tributs, rançonner ses États,

Et forcer son pontife à payer vos soldats ?

GUESCLIN.

On dit qu’en tous les temps ma cour a su connaître Et séparer les droits du monarque et du prêtre : Mais, peu fait pour toucher ces ressorts délicats, Je combats pour mon prince, et je ne l’instruis pas. Qu’on ait lancé sur vous ce qu’on nomme anathème, Que l’épouse d’un frère ou vous craigne ou vous aime. Je n’examine point ces intrigues des cours, Ces abus des autels, encor moins vos amours. Vous ne voyez en moi ({u’uii organe fidèle D’un roi l’ami de Rome, et (jui s’arme pour elle. On va verser le sang, et l’on peut l’épargner : Fléchissez, croyez-moi, si vous voulez régner.

DON PÈDHE.

J’entends ; vous exigez ma prompte déférence À ces rescrits de Rome émanés de la France. Charle adore à genoux ces étonnants décrets. Ou les foule à ses pieds, suivant ses intérêts ; L’orgueil me les apporte au nom de l’artifice !