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ACTE 111, SCEM- : 111. 287

Tii iiiôiites la mort, tu l’attends… mais écoute.

Tu connais cet usage en Espagne établi, Ou’aucun roi de mon sang n’ose mettre en oubli : À son couronnement, une nouvelle reine, Opposant sa clémence à la justice humaine. Peut sauver à son gré l’un de ces criminels Que, pour être en exemple au reste des mortels, L’équité vengeresse an sup|)lice abandonne : Voici ta reine enfin.

TRANSTAMAKE.

Léonore !

D0\ PKDRE.

Elle ordonne Que, malgré tes forfaits, malgré toutes les lois. Et malgré l’intérêt des peuples et des rois. Ton monarque outragé daigne te laisser vivre : J’y consens… Vous, soldats, soyez prêts à le suivre. Vous conduirez ses pas, dès ce même moment. Jusqu’aux lieux destinés pour son ])annisseme/)t. Veillez toujours sur lui, mais sans lui faire outrage, Sans me faire rougir de mon juste avantage. Tout indigne qu’il est du sang dont il est né, Ménagez de mon père un reste infortuné… En est-ce assez, uiadame ? Ètes-vous satisfaite ?

LÉONORE.

Il faudra qu’à vos pieds ce fier sénat se jette. Continuez, seigneur, à mêler hautement Une sage clémence au juste châtiment. Le sénat apprendra bientôt à vous connaître ; Il saura révérer, et même aimer un maître ; Vous le verrez tomher aux genoux de son roi.

TRANSTAMARE.

Léonore, on vous trompe ; et le sénat et moi Nous ne descendons point encore à ces bassesses. Vous pouvez, d’un tyran ménageant les tendresses. Céder à cet éclat si trompeur et si vain D’un sceptre malheureux qui tomhe de sa main, 11 peut, dans les débris d’un reste de puissance, M’insulter un moment par sa fausse clémence. Me bannir d’un palais qui peut-être aujourd’hui Va se voir habité par d’autres que par lui. Il a dû se hâter. Jouissez, infidèle,