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260 DON PÈDRE.

Ce valeureux Guesclin, ce héros de notre âge, Suivi de son armée, arrive sur mes pas.

TUANSTAMAllE.

Je dois tout à son roi.

ALMÈDE.

Ne vous y trompez pas, Charle, en vous soutenant au l)ord du précipice. Vous tend par politique une main protectrice ; En divisant l’Espagne, afin de l’affaiblir, Il veut frapper don Pèdre autant que vous servir : Pour son intérêt seul il entreprend la guerre. Don Pèdre eut pour appui la superbe Angleterre, Le fameux prince Noir était son protecteur : Mais ce guerrier terrible, et de (iuesclin vainqueur, Au milieu de sa gloire achevant sa carrière, Touche enfin, dans Bordeaux, à son heure dernière. Son génie accablait et la France et Cuesclin ; Et quand des jours si beaux touchent à leur déclin. Ce Français, dont le bras aujourd’hui vous seconde, Demeure avec éclat seul en spectacle au monde. Charle a choisi ce temps. L’Anglais tombe épuisé ; L’Empire a trente rois, et languit divisé ; L’Espagnol est en proie à la guerre civile ; Charle est le seul puissant ; et, d’un esprit tranquille, Ébranlant à son gré tous les autres États, II triomphe à Paris sans employer son bras.

TRANSTAMARE.

Qu’il exerce à loisir sa politique habile,

Qu’il soit prudent, heureux ; mais qu’il me soit utile.

ALMÈDE.

Il vous promet Valence et les vastes pays Que vous laissait un père, et qu’on vous a ravis ; Il vous promet surtout la main de Léonore, Dont l’hymen à vos droits va réunir encore Ceux qui lui sont transmis par les rois ses aïeux.

TRANSTAMARE.

Léonore est le bien le plus cher à mes yeux. Mon père, tu le sais, voulut que l’hyménée Fit revivre par moi les rois dont elle est née. Il avait gagné Rome ; elle approuvait son choix ; Et l’Espagne à genoux reconnaissait mes droits. Dans un asile saint Léonore enfermée