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Prestine

Non, je ne rirai plus ; coulez, coulez, mes pleurs,

(Tous ensemble.)

Dieu puissant, rends-nous tes faveurs.


Grégoire

Quand je vois quatre personnes
Ainsi pleurer en chantant.
Mon cœur se fend.
Bacclius, tu les abandonnes :
Il faut en faire autant.


Il s’en va


Scène III

LE PÈRE de daphnis, LE PÈRE de glycère, daphnis, prestine.
Le père de Daphnis

Écoutez ; j’ai du sens, car j’ai vu bien des choses,
Des esprits, des sorciers, et des métempsycoses.
Le dieu que je révère, et qui règne en ces lieux.
Me semble, après l’Amour, le plus malin des dieux.
Je l’ai vu dans mon temps troubler bien des cervelles ;
Il produisait souvent d’assez vives querelles :
Mais cela s’éteignait après une heure ou deux.
Peut-être que la coupe était d’un vin fumeux,
Ou dur, ou pétillant, et qui porte à la tête.
Ma fille en a trop bu ; de là vient la tempête
Qui de nos jours heureux a noirci le plus beau.
La coupe nuptiale a troublé son cerveau :
Elle est folle, il est vrai ; mais, dieu merci, tout passe :
Je n’ai vu ni d’amour ni de haine sans fin…
Elle te t’aimera ; tu rentreras en grâce
Dès qu’elle aura cuvé son vin.


Prestine

<poem class="verse">Mon père, vous avez beaucoup d’expérience, Vous raisonnez on ne peut mieux : Je n’ai ni raison ni science. Mais j’ai des oreilles, des yeux. De ce temple sacré j’ai vu la balayeuse Qui d’une voix mystérieuse <poem class="verse">