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DISCOURS

HISTORIQUE ET GKITIQUE

s V II

LA TRAGÉDIE DE DON PÈDRE.

Il est très-inutile de savoir quel est le jeune auteur de cette tragédie nouvelle, qui, dans la foule des pièces de théâtre dont l’Europe est accablée, ne pourra être lue que d’un très-petit nombre d’amateurs qui en parcourront quelques pages. Lorsque l’art dramatique est parvenu à sa perfection chez une nation éclairée, on le néglige, on se tourne avec raison vers d’autres études. Les Aristote et les Platon succèdent aux Sophocle et aux Euripide. Il est vrai que la philosophie devrait former le goût, mais souvent elle l’émousse ; et, si vous exceptez quelques âmes ])privilégiées, quiconque est profondément occupé d’un art est (l’ordinaire insensible à tout le reste.

S’il est encore quelques esprits qui consentent à perdre une demi-heure dans la lecture d’une tragédie nouvelle, on doit leur dire d’abord que ce n’est point celle de M. du Belloy qu’on leur présente. L’illustre auteur du Sihjc de Calais a donné au théâtre de Paris une tragédie de Pierre le Cruel, mais ne l’a point imprimée\ Il y a longtemps que l’auteur de Don Pedre avait esquissé quelque chose d’un plan de ce sujet-. M, du Belloy, qui le sut, eut la condescendance de lui écrire qu’il renonçait en ce cas à le traiter. Dès ce moment, l’auteur de Don Pèdre n’y pensa plus, et il n’y a travaillé sur un plan nouveau que sur la fin de 111 k, lorsque M. du Belloy a paru persister à ne point publier son ouvrage.

Après ce petit éclaircissement, dont le seul but est de montrer

1. Elle l’a été en 1777. (B.)

1. Voyez l’avertissement de Beuchot, p. ’. ; 39.