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Astérie.

Datame ! Ah ! Prévenez le plus grand de ses crimes.

Teucer.

Va, ni lui ni ses dieux n’auront plus de victimes ;
Va, l’on ne verra plus de pareils attentats.

Dictime.

Tranquille il frapperait votre fille en vos bras ;
Et le peuple à genoux, témoin de son supplice,
Des dieux dans son trépas bénirait la justice.

Teucer.

Quand il saura quel sang sa main voulut verser,
Le barbare, crois-moi, n’osera m’offenser.
Quoi que Datame ait fait, je veux qu’on le révère.
Tout prend dans ce moment un nouveau caractère :
Je ferai respecter les droits des nations.

Dictime.

Ne vous attendez pas, dans ces émotions,
Que l’orgueil de Pharès s’abaisse à vous complaire :
Il atteste les lois, mais il prétend les faire.

Teucer.

Il y va de sa vie, et j’aurais de ma main,
Dans ce temple, à l’autel, immolé l’inhumain
Si le respect des dieux n’eût vaincu ma colère.
Je n’étais point armé contre le sanctuaire ;
Mais tu verras qu’enfin je sais être obéi.
S’il ne me rend Datame, il en sera puni,
Dût sous l’autel sanglant tomber mon trône en cendre.

(À Astérie.)

Je cours y donner ordre, et vous pouvez m’attendre.

Astérie.

Seigneur !… sauvez Datame… approuvez notre amour :
Mon sort est en tout temps de vous devoir le jour.

Teucer, au héraut.

Prends soin de ce vieillard qui lui servit de père
Sur les sauvages bords d’une terre étrangère ;
Veille sur elle.

Azémon.

Veille sur elle.Ô roi ! Ce n’est qu’en ton pays
Que ton cœur paternel aura des ennemis…

(Teucer sort avec Dictime et ses gardes.)

Ô toi, divinité qui régis la nature,
Tu n’as pas foudroyé cette demeure impure,