Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Astérie.

Qui ? Moi !

Teucer.

Qui ? Moi !Mêle tes pleurs aux pleurs que je répands ;
Goûte un destin nouveau dans mes embrassements ;
Image de ta mère, à mes vieux ans rendue,
Joins ton âme étonnée à mon âme éperdue.

Astérie.

Ô mon roi !

Teucer.

Ô mon roi !Dis mon père… il n’est point d’autre nom.

Astérie.

Hélas ! Est-il bien vrai, généreux Azémon ?

Azémon.

J’en atteste les dieux.

Teucer.

J’en atteste les dieux.Tout est connu.

Astérie.

J’en atteste les dieux. Tout est connu.Mon père !

Teucer, à ses gardes.

Qu’on délivre Datame en ce moment prospère…
Vous, écoutez.

Astérie.

Vous, écoutez.Ô ciel, ô destins inouïs !
Oui, si je suis à vous, Datame est votre fils ;
Je vois, je reconnais, votre âme paternelle.

Dictime.

Seigneur, voyez déjà la faction cruelle
Dans le fond de ce temple environner Pharès :
Déjà de la vengeance ils font tous les apprêts ;
On court de tous côtés ; des troupes fanatiques
Vont, le fer dans les mains, inonder ces portiques.
Regardez Mérione, on marche autour de lui ;
Tout votre ami qu’il est, il paraît leur appui.
Est-ce là ce héros que j’ai vu devant Troie ?
Quelle fureur aveugle à mes yeux se déploie ?
L’inflexible Pharès a-t-il dans tous les cœurs
Des poisons de son âme allumé les ardeurs ?
Il n’entendit jamais la voix de la nature ;
Il va vous accuser de fraude, d’imposture.
Datame, en sa puissance, et de ses fers chargé,
A reçu son arrêt, et doit être égorgé.