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Teucer.

Ce n’est pas sans regret ; mais la raison l’ordonne.

Dictime.

L’inflexible équité, la majesté du trône,
Ces parvis tout sanglants, ces autels profanés,
Votre intérêt, la loi, tout les a condamnés.

Teucer.

D’Astérie en secret la grâce, la jeunesse,
Peut-être malgré moi, me touche et m’intéresse ;
Mais je ne dois penser qu’à servir mon pays ;
Ces sauvages humains sont mes vrais ennemis.
Oui, je réprouve encore une loi trop sévère :
Mais il est des mortels dont le dur caractère,
Insensible aux bienfaits, intraitable, ombrageux,
Exige un bras d’airain toujours levé sur eux.
D’ailleurs ai-je un ami dont la main téméraire
S’armât pour un barbare et pour une étrangère ?
Ils ont voulu périr, c’en est fait ; mais du moins
Que mes yeux de leur mort ne soient pas les témoins.


Scène V.

TEUCER, DICTIME, un héraut.
Teucer.

Que sont-ils devenus ?

Le Héraut.

Que sont-ils devenus ?Leur fureur inouïe
D’un trépas mérité sera bientôt suivie :
Tout le peuple à grands cris presse leur châtiment :
Le sénat indigné s’assemble en ce moment.
Ils périront tous deux dans la demeure sainte
Dont ils ont profané la redoutable enceinte.

Teucer.

Ainsi l’on va conduire Astérie au trépas.

Le Héraut.

Rien ne peut la sauver.

Teucer.

Je lui tendais les bras ;
Ma pitié me trompait sur cette infortunée :