Peut-on croire un tel excès d’horreurs ?
Il en est encore un bien cruel à nos cœurs,
Celui d’être en ces lieux réduits à l’impuissance
D’assouvir sur eux tous notre juste vengeance,
De frapper ces tyrans de leurs couteaux sacrés,
De noyer dans leur sang ces monstres révérés.
Qui ? Moi ! Je ne pourrais, ô ma chère Astérie,
Mourir sur les bourreaux qui t’arrachent la vie !…
Je le pourrai sans doute… ô mes braves amis,
Montrez ces sentiments que vous m’avez promis :
Périssez avec moi. Marchons.
Datame, arrête !
Ciel !… d’où part cette voix ? Quels dieux ont sur ma tête
Fait au loin dans les airs retentir ces accents ?
Est-ce une illusion qui vient troubler mes sens ?
Datame !…
Ciel ! Qui la fis pour moi, dieu vengeur, dieu suprême !
Ombre chère et terrible à mon cœur désolé,
est-ce du sein des morts qu’Astérie a parlé ?
Je me trompe, ou du fond de cette tour antique
Sa voix faible et mourante à son amant s’explique.
Je n’entends plus ici la fille d’Azémon ;
Serait-ce là sa tombe ? Est-ce là sa prison ?
Les crétois auraient-ils inventé l’une et l’autre ?
Quelle horrible surprise est égale à la nôtre !
Des prisons ! Est-ce ainsi que ces adroits tyrans
Ont bâti, pour régner, les tombeaux des vivants ?
N’aurons-nous point de traits, d’armes, et de machines !
Ne pourrons-nous marcher sur leurs vastes ruines ?