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Qui presse au nom des dieux ce sanglant sacrifice.
Demeure. La voici : sa jeunesse, ses traits,
Toucheraient tous les cœurs, hors celui de Pharès.


Scène III.

TEUCER, DICTIME, ASTÉRIE, gardes.
Astérie.

Que prétend-on de moi ? Quelle rigueur nouvelle,
Après votre promesse, à la mort me rappelle ?
Allume-t-on les feux qui m’étaient destinés ?
Ô roi ! Vous m’avez plainte, et vous m’abandonnez !

Teucer.

Non ; je veille sur vous, et le ciel me seconde.

Astérie.

Pourquoi me tirez-vous de ma prison profonde ?

Teucer.

Pour vous rendre au climat qui vous donna le jour ;
Vous reverrez en paix votre premier séjour :
Malheureuse étrangère, et respectable fille,
Que la guerre arracha du sein de sa famille,
Souvenez-vous de moi loin de ces lieux cruels.
Soyez prête à partir… oubliez nos autels…
Une escorte fidèle aura soin de vous suivre.
Vivez… qui mieux que vous a mérité de vivre !

Astérie.

Ah, seigneur ! Ah, mon roi ! Je tombe à vos genoux ;
Tout mon cœur qui m’échappe a volé devant vous ;
Image des vrais dieux, qu’ici l’on déshonore,
Recevez mon encens : en vous je les adore.
Vous seul, vous m’arrachez aux monstres infernaux
Qui, me parlant en dieux, n’étaient que des bourreaux.
Malgré ma juste horreur de servir sous un maître,
Esclave auprès de vous, je me plairais à l’être.

Teucer.

Plus je l’entends parler, plus je suis attendri…
Est-il vrai qu’Azémon, ce père si chéri,
Qui, près de son tombeau, vous regrette et vous pleure,
Pour venir vous reprendre a quitté sa demeure ?