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Scène IV.

les précédents ; un héraut arrive, le caducée à la main.
(Le roi, les archontes, les sacrificateurs, sont debout.)
Le Héraut.

Vous osez !…De Cydon les nombreux députés
Ont marché vers nos murs, et s’y sont présentés.
De l’olivier sacré les branches pacifiques,
Symbole de concorde, ornent leurs mains rustiques :
Ils disent que leur chef est parti de Cydon,
Et qu’il vient des captifs apporter la rançon.

Pharès.

Il n’est point de rançon, quand le ciel fait connaître
Qu’il demande à nos mains un sang dont il est maître.

Teucer.

La loi veut qu’on diffère, elle ne souffre pas
Que l’étendard de paix et celui du trépas
Étalent à nos yeux un coupable assemblage.
Aux droits des nations nous ferions trop d’outrage.
Nous devons distinguer (si nous avons des mœurs)
Le temps de la clémence et le temps des rigueurs :
C’est par là que le ciel, si l’on en croit nos sages,
Des malheureux humains attira les hommages ;
Ce ciel peut-être enfin lui veut sauver le jour.
Allez, qu’on la ramène en cette même tour
Que je tiens sous ma garde, et dont on l’a tirée
Pour être en holocauste à vos glaives livrée.
Sénat, vous apprendrez un jour à pardonner.

Astérie.

Je te rends grâce, ô roi, si tu veux m’épargner ;
Mon supplice est injuste autant qu’épouvantable :
Et, quoique j’y portasse un front inaltérable,
Quoique aux lieux où le ciel a daigné me nourrir,
Nos premières leçons soient d’apprendre à mourir,
Le jour m’est cher… hélas ! Mais s’il faut que je meure,
C’est une cruauté que d’en différer l’heure.

(On l’emmène.)
Teucer.

Le conseil est rompu. Vous, braves combattants,