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LES
LOIS DE MINOS
TRAGÉDIE



ACTE PREMIER.




(le théâtre représente les portiques d’un temple, des tours sur les côtés,
des cyprès sur le devant.)



Scène I.

TEUCER, DICTIME.
Teucer.

Quoi ! Toujours, cher ami, ces archontes, ces grands,
Feront parler les lois pour agir en tyrans[1] !
Minos, qui fut cruel, a régné sans partage ;
Mais il ne m’a laissé qu’un pompeux esclavage,
Un titre, un vain éclat, le nom de majesté,
L’appareil du pouvoir, et nulle autorité.
J’ai prodigué mon sang, je règne, et l’on me brave.
Ma pitié, ma bonté pour cette jeune esclave
Semble dicter l’arrêt qui condamne ses jours ;
Si je l’avais proscrite elle aurait leur secours.
Tel est l’esprit des grands depuis que la naissance
A cessé de donner la suprême puissance :

  1. « Je crains, écrivait d’Alembert à Voltaire, que les amateurs de l’ancien parlement ne trouvent dans cette pièce, dès le premier acte, et même dès les premiers vers, des choses qui leur déplairont, et que l’auteur, en se mettant à la merci des sots, ne les ait pas assez ménagés. »