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170 KIMTUK DKDICATOIUI- :.

Los ci-devant soi-tlisaiil jésuites acciisc’rent Racine de cahaler pour le jansénisme, et le firent mourir de chagrin. Aujourd’hui, si un homme réussit un peu pour quehjue temps, ses rivaux ou ceux qui prétendent Tètre disent d’abord que c’est une mode qui passera comme les pantins et les convulsions ; ensuite ils prétendent qu’il n’est qu’un plagiaire ; enlîn ils soupçonnent qu’il est athée ; ils en avertissent les porteurs de chaise de Versailles, afin qu’ils le disent à leurs pratiques, et que la chose revienne à (luehjue homme bien zék’, bien morne, et bien méchant, qui en fera son profit.

Les calomnies pleuvent sur quiconque réussit. Les gens de lettres sont assez comme M. Chicaneau et M’"'^ la comtesse de Pind)éche :

Qu’est-ce qu’on vous a fait ? — Ou m’a dit des injures ’.

Il y aura toujours dans la république des lettres un petit canton où cabalera le Pauvre Diable- avec ses semblables ; mais aussi, monseigneur, il se trouvera toujours en France des ùmes nobles et éclairées, qui saurotit rendre justice aux talents, qui pardonneront aux fautes inséparables de l’humanité, qui encourageront tous les beaux-arts. Et à qui appartiendra-t-il plus d’en être le soutien qu’au neveu de leur principal fondateur ? C’est un devoir attaché à votre nom.

C’est à vous de maintenir la pureté de notre langue, fj[ui se < ! orrompt tous les jours ; c’est à vous de ramener la belle littérature et le bon goût, dont nous avons vu les restes fleurir encore. 11 Aous appartient de protéger la véritable philosophie, également éloignée de l’irréligion et du fanatisme. Quelles autres mains que les vôtres sont faites pour porter au trône les fleurs et les fruits du génie français, et pour en écarter la calomnie qui s’en approche toujours, quoique toujours chassée ? A quel autre qu’à vous les académiciens pourraient-ils avoir recours dans leurs travaux et dans leurs afflictions ? et quelle gloire pour vous, dans un âge où l’ambition est assouvie, et où les vains plaisirs ont disparu comme un songe, d’être, dans un loisir honorable, le père de vos confrères ! L’âme du grand Armand s’applaudirait [>lus que jamais d’avoir fondé l’Académie française.

Après avoir fait Œulipe et les Lois de Minos, à près de soixante

1. Les Plaideurs, acte II, scène ix.

’2. Voi’cz la petite pièce intitulée le Pauvre Diable.