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ACTE IV, SCÈNE M. 139

SCÈNE VI.

ATRÉE.

Eiiliii, (le leurs complots j’ai connu la noirceur !

La periido ! elle aimait son lâche ravisseur.

Elle me fuit, m’abhorre, elle est toute à Thyeste :

Du saint nom de l’hymen ils ont voilé Tinceste ;

Ils jouissent en paix du /ils ([ui leur est né ;

Le vil enfant du crime au trône est destiné.

Tu ne moiteras pas, race impure et coupable,

Les fruits des attentats dont l’opprobre m’accable.

Par quel enchantement, par quel prestige aflreux,

Tous les cœurs contre moi se déclaraient pour eux :

Polémon réprouvait l’excès de ma colère ;

lue pitié crédule avait séduit ma mère ;

On flattait leurs amours, on plaignait leurs douleurs ;

On était attendri de leurs perfides pleurs ;

Tout Argos favorable à leurs lâches tendresses

Pardonne à des forfaits (ju’il appelle faiblesses,

Et je suis la victime et la fable à la fois

D’un peuple qui méprise et les mœurs et les lois.

Aous en allez frémir, (Irèce légère et vaine.

Détestable Thyeste, insolente Mycène,

Soleil, qui vois ce crime et toute ma fureur.

Tu ne verras bientôt ces lieux qu’avec horreur.

Le voilà, cet enfant, ce rejeton du crime…

Je le tiens : les enfers m’ont livré ma victime ;

Je tiens ce glaive affreux sous qui tomba Pélops.

11 te frappe, il t’égorge, il t’étale en lambeaux ;

fl lait rentrer ton sang, au gré de ma furie.

Dans le coupa])le sang qui t’a donné la vie.

Le festin de Tantale est préparé pour eux ;

Les poisons de Médée en sont les mets affreux.

Tout tombe autour de moi par cent morts différentes.

Je me plais aux accents de leurs voix expirantes ;

Je savoure le sang dont j’étais affamé.

Thyeste, Érope, ingrats ! tremblez d’avoir aimé.

IDAS, accourant à lui.

Seigneur, qu’ai-je entendu ? quels discours effroyables ! Que vous m’épouvantez par ces cris lamentables !