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96 YAlUA.NTi : S DU SOl’llOMSBE.

XI ASSIMSSK.

Si vous avez un cœur, vous vous en souviendrez.

SCI PION.

Allons, conduisez-moi dans la chambre prochaine, Où je devais paraître aux regards de la reine. Qu’elle accepte à la (in mes soins respectueux. (On ouvre la porte ; Soplionisbc paraît étendue sur une banquette ; un poignard est enfoncé dans son sein.)

M ASSIMSSE.

Tiens, la voilà ! perfide, elle est devant tes yeux, La connais-tu ?

SCIPION.

Cruel ! SOrnoMSBE, à Massinisse, penché vers elle. Viens, que ta main chérie Achève de m’oter ce fardeau de la vie. Digne époux, je meurs libre, et je meurs dans tes bras.

M A s s I M s s E, se retournant. Je vous la rends, Romains ; elle est à vous,

SCIPI \,

Hélas ! Malheureux ! qu’as-tu fait ?

ASSAINISSE, reprenant sa force.

Ses volontés, les miennes. Sur ses bras tout sanglants viens essayer tes chaînes. Approche ; où sont tes fers ?

LÉLIE,

spectacle d’horreur ! ASSAINISSE, à Scipion. Tu recules d’effroi ! Que deviens ton grand cœur ?

(11 se met entre Sophonisbe et les Romains.) Monstres, qui par mes mains avez commis mon ci-ime, Allez au Capitole offrir votre victime ; Montrez à votre peuple, autour d’elle empressé. Ce cœur, ce noble cœur que vous avez percé. Jouis de ce triomphe. Es-tu content, barbare ? Tu le dois à mes soins, c’est moi qui le prépare. Ai-je assez satisfait ta triste vanité, l’A de tes jeux romains l’infâme atrocité ? Tu n’oses contempler sa mort et ta victoire ! Tu détournes les yeux, tu frémis de ta gloire, Tu crains de voir ce sang que toi seul fais couler ! Grands dieux ! c’est Scipion qu’enfin j’ai fait trembler ! Détestable Romain, si les dieux qui m’entendent Accordent les faveurs que les mourants demandent ; Si, devançant le temps, le grand voile du sort Se tire à nos regards au moment de la mort, Je vois dans l’avenir Sophonisbe vengée, Rome à son tour sanglante, à son tour saccagée, Expiant dans son sang ses triomphes affreux, Et les fers et l’opprobre accablant tes neveux. Je vois vingt nations de toi-même ignorées, Que le Nord vomira des mers hyperboréen ; Dans votre indigne sang vos temples renversés,