À tous les deux je devrai mon bonheur ;
Mais seconderez-vous mon bienfaiteur ?
Consultez-vous, méritez mon estime,
Et les bienfaits de ce cœur magnanime.
Et… vous… Acanthe…
Pourquoi tremblé-je en parlant ?
LE MARQUIS.
Acanthe… vous… qui venez de renaître,
Vous qu’une mère ici va reconnaître,
Vivez près d’elle, et de ses tristes jours
Adoucissez et prolongez le cours.
Vous commencez une nouvelle vie,
Avec un frère, une mère, une amie ;
Je veux… Souffrez qu’à votre mère, à vous,
Je fasse un sort indépendant et doux.
Votre fortune, Acanthe, est assurée,
L’acte est passé, vous vivrez honorée,
Riche… contente… autant que je le peux.
J’aurais voulu… mais goûtez toutes deux,
Dormène et vous, les douceurs fortunées
Que l’amitié donne aux âmes bien nées…
Un autre bien que le cœur peut sentir
Est dangereux… Adieu… Je vais partir.
Eh quoi ! ma sœur, vous n’êtes point contente ?
Quoi ! vous pleurez ?
Je suis confuse… Ah ! c’en est trop pour moi.
Mais j’ai perdu plus que je ne reçoi…
Et ce n’est pas la fortune que j’aime…
Mon état change, et mon ; âme est la même ;
Elle doit être à vous… Ah ! permettez
Que, le cœur plein de vos rares bontés,
J’aille oublier ma première misère,
J’aille pleurer dans le sein de ma mère.
De quel chagrin vos sens sont agités !
Qu’avez-vous donc ? qu’ai-je fait ?
Ah ! qu’as-tu dit ?
La vérité plaît à votre belle âme.