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LE MARQUIS, sortant d’un autre côté.

Sortons, cachons le désordre où je suis,
Ah ! que j’ai peur de perdre la gageure !


Scène VIII.



MATHURIN, LE BAILLIF.


MATHURIN.

Dis-moi, baillif, ce que cela figure.
Notre seigneur est sorti bien sournois.
Il me parlait poliment autrefois ;
J’aimais assez ses honnêtes manières ;
Et même à cœur il prenait mes affaires :
Je me marié… il s’en va tout pensif.

LE BAILLIF.

C’est qu’il pense beaucoup.

MATHURIN.

C’est qu’il pense beaucoup. Maître baillif,
Je pense aussi. Ce nous verrons m’assomme :
Quand on est prêt, nous verrons ! Ah ! quel homme !
Que je fis mal, ô ciel ! quand je naquis
Chez mes parents, de naître en ce pays !
J’aurais bien dû choisir quelque village
Où j’aurais pu contracter mariage
Tout uniment, comme cela se doit,
À mon plaisir, sans qu’un autre eût le droit
De disposer de moi-même, à mon âge,
Et de fourrer son nez dans mon ménage.

LE BAILLIF.

C’est pour ton bien.

MATHURIN.

C’est pour ton bien. Mon ami baillival,
Pour notre bien on nous fait bien du mal.

ACTE QUATRIÈME.




Scène I.



LE MARQUIS.

Non, je ne perdrai point cette gageure,
Amoureux ! moi ! quel conte ! Ah ! je m’assure
Que sur soi-même on garde un plein pouvoir ;
Pour être sage on n’a qu’à le vouloir.