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580 LE BARON D’OCTANTE.

Mais n’pondez-moi donc on chansons, belle Irène ; C’est dans ces lieux chéris une loi souveraine Dont ni berger ni roi ne se peut écarter ; Si l’on y parle un peu, ce n’est que pour chanter. Vous avez une voix si tendre et si touchante !

IliKNE.

11 n’est point à propos, mon cousin, que je chante ; Je n’eu ai nulle envie ; on pleure dans Otrante :. Vos conseillers privés prennent tout notre argent ; Vous ne songez à rien, et l’on vous fait accroire Que tout le monde est fort content.

LE BARON.

Je le suis avec vous, j’y mets toute ma gloire.

IP.ÎiNE.

Sachez que pour me plaire il vous faudra changer : D’une mollesse indigne il faut vous corriger ;

Sans cela point de mariage. Vous avez des vertus, vous avez du courage ;

La nonchalance a tout gâté : On ne vous a donné que des leçons stériles ; On s’est moqué de vous, et votre oisiveté

Rendra vos vertus inutiles.

LE BARON.

Mes conseillers privés…

IRÈNE.

Seigneur, sont des fripons Qui vous avaient donné de méchantes leçons, Et qui vous nourrissaient d’orgueil et de fadaise. Pour mieux pouvoir piller la baronnie à l’aise.

LE BARON.

Oui, l’on m’élevait mal ; oui, je m’en aperçois,

Et je me sens tout autre alors que je vous vois.

On ne m’a rien appris, le vide est dans ma tête ;

Mais mon cœur plein de vous, et plein de ma conquête,

Me rendra digne enfin de plaire à vos beaux yeux ;

Étant aimé de vous, j’en vaudrai beaucoup mieux.

IRÈNE.

Alors, seigneur, alors, à vos vertus rendue,

Je reprendrai pour vous la voix que j’ai perdue.

(Elle chante.)

Pour jamais je vous chérirai ; De tout mon cœur je chanterai :