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ACTE V



Scène I


Iradan, Le Jeune Arzémon, Arzame.

IRADAN

Non, ne m’en parlez plus ; je bénis ma blessure.
Trop de biens ont suivi cette affreuse aventure :
Vos pères trop heureux retrouvent leurs enfants ;
Le ciel vous a rendus à nos embrassements.
Vos amours offensaient et Rome et la nature ;
Rome les justifie, et le ciel les épure.
Cet autel que mon frère avait dressé pour moi,
Sanctifié par vous, recevra votre foi ;
Ce vieillard généreux, qui nourrit votre enfance,
Y verra consacrer votre sainte alliance ;
Les prêtres des enfers et leur zèle inhumain
Respecteront le sang d’un citoyen romain.

ARZAME

Hélas ! L’espérez-vous ?

IRADAN

Quelles mains sacrilèges
Oseraient de ce nom braver les privilèges ?
Césène est au prétoire : il saura le fléchir.
Des formes de nos lois on peut vous affranchir.
Quels cœurs à la pitié seront inaccessibles ?
Les prêtres de ces lieux sont les seuls insensibles.
Le temps fera le reste et si vous persistez
Dans un culte ennemi de nos solennités,
En dérobant ce culte aux regards du vulgaire,
Vous forcerez du moins vos tyrans à se taire.
Dieu, qui me les rendez, favorisez leurs feux !
Dieu de tous les humains, daignez veiller sur eux !