J’ai repoussé l’honneur qu’il prétendait me faire ;
A ses empressements j’ai mis ce frein sacré :
Ce secret à jamais devait être ignoré ;
Tu me l’as arraché ; mais crains d’en faire usage.
Achève ; il a donc su ce serment qui m’engage,
Qui rejoint par nos lois le frère avec la sœur ?
Oui.
Qu’a produit en lui ce nœud si saint ?
L’horreur.
C’est assez, je vois tout ; le barbare ! Il se venge.
Malgré notre hyménée à ses yeux trop étrange,
Malgré cette horreur même, il ose protéger
Notre sainte union, bien loin de s’en venger.
Nous quittons pour jamais ces sanglantes demeures.
Ah, ma sœur !… C’en est fait.
Tu frémis, et tu pleures !
Qui ? Moi !… Ciel !… Iradan…
Pourrais-tu soupçonner
Que notre bienfaiteur pût nous abandonner ?
Pardonne… en ces moments… dans un lieu si barbare…
Parmi tant d’ennemis… aisément on s’égare…
Du parti que l’on prend le cœur est effrayé.
Ah ! du mien qui t’adore il faut avoir pitié.
Tu sors !… demeure, attends, ma douleur t’en conjure.
Ami, veille sur elle… Ô tendresse ! Ô nature !
Avec fureur.
Que vais-je faire ? Ah, Dieu vengeance, entends ma voix !
Il embrasse sa sœur en pleurant.
Je t’embrasse, ma sœur, pour la dernière fois.
Il sort.