Notre culte est le sien ; je réponds de son zèle ;
C’est un frère, à ses yeux nos cœurs peuvent s’ouvrir ;
Dans celui d’Iradan n’as-tu pu découvrir
Quels sentiments secrets ce Romain nous conserve ?
Il paraissait troublé, tu t’en souviens ; observe,
Rappelle en ton esprit jusqu’aux moindres discours
Qu’il t’aura pu tenir, du péril où tu cours,
Des prêtres ennemis, de César, de toi-même,
Des lois que nous suivons, d’un malheureux qui t’aime.
Cher frère, tendre amant, que peux-tu demander ?
Ce qu’à notre amitié ton cœur doit accorder,
Ce qu’il ne peut cacher à ma fatale flamme
Sans verser des poisons dans le fond de mon âme.
J’en verserai peut-être en osant t’obéir.
N’importe, il faut parler, te dis-je, ou me trahir ;
Et puisque je t’adore, il y va de ma vie.
Je ne crains point de toi de vaine jalousie ;
Tu ne la connais point ; un sentiment si bas
Blesse le nœud d’hymen, et ne l’affermit pas.
Crois qu’un autre intérêt, un soin plus cher m’anime.
Tu le veux, je ne puis désobéir sans crime…
J’avouerai qu’Iradan, trop prompt à s’abuser,
M’a présenté sa main que j’ai dû refuser.
Il t’aimait !
Il l’a dit.
Il t’aimait !
Sa poursuite
A lui tout confier malgré moi m’a réduite ;
Il a su le secret de ma religion,
Et de tous mes devoirs, et de ma passion.
Par de profonds respects, par un aveu sincère,