ACTE III
Scène I
Je marche dans ces lieux de surprise en surprise
Quoi ! C’est toi que j’embrasse, ô mon cher Mégatise !
Toi, né chez les Persans, dans notre loi nourri,
Et de mes premiers ans compagnon si chéri,
Toi, soldat des Romains !
Pardonne à ma faiblesse ;
L’ignorance et l’erreur d’une aveugle jeunesse,
Un esprit inquiet, trop de facilité,
L’occasion trompeuse, enfin la pauvreté,
Ce qui fait les soldats égara mon courage.
Métier cruel et vil ! méprisable esclavage !
Tu pourrais être libre en suivant tes amis.
Le pauvre n’est point libre ; il sert en tout pays.
Ton sort près d’Iradan deviendra plus prospère.
Va, des guerriers romains il n’est rien que j’espère.
Que dis-tu ? Le tribun qui commande en ce fort
Ne t’a-t-il pas offert un généreux support ?
Ah ! Crois-moi, les Romains tiennent peu leur promesse :
Je connais Iradan ; je sais que dans Émesse,
Amant d’une Persane, il en avait un fils ;
Mais apprends que bientôt, désolant son pays,