Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Écoutez-moi. Je suis las aujourd’hui
Du train des cours où l’on vit pour autrui ;
Et j’ai pensé, pour vivre à la campagne.
Pour être heureux, qu’il faut une compagne,
J’ai le projet de m’établir ici,
Et je voudrais vous marier aussi.

LE CHEVALIER.

Très-humble serviteur.

LE MARQUIS.

Très-humble serviteur. Ma fantaisie
N’est pas de prendre une jeune étourdie.

LE CHEVALIER.

L’étourderie a du bon.

LE MARQUIS.

L’étourderie a du bon. Je voudrais
Un esprit doux plus que de doux attraits.

LE CHEVALIER.

J’aimerais mieux le dernier.

LE MARQUIS.

J’aimerais mieux le dernier. La jeunesse,
Les agréments, n’ont rien qui m’intéresse.

LE CHEVALIER.

Tant pis.

LE MARQUIS.

Tant pis. Je veux affermir ma maison
Par un hymen qui soit tout de raison.

LE CHEVALIER.

Oui, tout d’ennui.

LE MARQUIS.

Oui, tout d’ennui. J’ai pensé que Dormène
Serait très-propre à former cette chaîne.

LE CHEVALIER.

Notre Dormène est bien pauvre.

LE MARQUIS.

Notre Dormène est bien pauvre. Tant mieux.
C’est un bonheur si pur, si précieux,
De relever l’indigente noblesse.
De préférer l’honneur à la richesse !

    crois que la pièce de M. Le Gouz, écrivait Voltaire, restera au théâtre, et qu’ainsi le nom de philosophe y restera en honneur. Je m’imagine que frère Platon (Diderot) n’en sera pas faché. »