Dont vous avez tantôt fait si prompte largesse,
Était-elle bien pleine autrefois ?
Jusqu’au bord :
De notre ami défunt c’était le coffre-fort ;
Vous le savez assez.
Selon que je calcule,
Vous avez amassé loyaument, sans scrupule,
Un bien considérable, une fortune ?
Non ;
Mais mon bien me suffit pour tenir ma maison.
Vous avez du crédit : la dame qui régente,
Madame Esther, vous garde une amitié constante.
Et, si vous le vouliez, vous pourriez quelque jour
Faire beaucoup de bien vous produisant en cour.
A la cour ! moi, monsieur ! que le ciel m’en préserve !
Si j’ai quelques amis, il faut avec réserve
Ménager leurs bontés, craindre d’importuner,
Ne les inviter point à nous abandonner.
Pour garder son crédit, monsieur, n’en usons guère.
Il le faut réserver pour les grandes affaires,
Pour les grands coups, madame ; oui, vous avez raison ;
Et votre sentiment est ici ma leçon.
Je dois avec candeur vous faire une ouverture
Pleine de confiance et d’une amitié pure :
Je suis riche, il est vrai ; mais avec plus d’argent
Je ferais plus de bien.
Je le crois bonnement.
Il vous faut un état, vous êtes de mon âge,
Je suis aussi du vôtre.
Oh ! Oui.
Quel bon ménage