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Chez la savante Aubert, notre illustre voisine…
Nous irons faire ensemble un dîner familier.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Vous m’enchantez !

MONSIEUR GARANT.

Elle est la perle du quartier.
Il est dans sa maison de doctes assemblées,
Des conversations utiles et réglées ;
Il y doit aujourd’hui venir quelques docteurs,
Des savants pleins de grec, de brillants orateurs,
Avec quelques abbés, gens de l’Académie,
Tous pétris du vrai suc de la philosophie.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Et c’est là justement tout ce qu’il me fallait ;
Vous m’avez découvert ce que mon cœur voulait.
Vous me faites penser, vous êtes mon Socrate ;
Je suis Alcibiade ah ! que cela me flatte !
Me voilà dans mon centre.

MONSIEUR GARANT.

On n’est jamais heureux
Qu’avec des gens de bien, savants et vertueux.
Chez ma cousine Aubert, mon fils, allez vous rendre
Je ne me ferai pas, je crois, longtemps attendre.

GOURVILLE L’AÎNÉ.

J’y vais.


Scène IV

Ninon, Monsieur Garant, Gourville L’Aîné
NINON., à Gourville l’aîné.

Ah ! Ah ! Monsieur, vous sortez donc enfin !
Vous vous humanisez, et votre noir chagrin
Cède au besoin qu’on a de vivre en compagnie.
Le plaisir sied très bien à la philosophie ;
La solitude accable, et cause trop d’ennui.
Eh bien ! où comptez-vous de dîner aujourd’hui ?

GOURVILLE L’AÎNÉ.

Avec des gens de bien, madame.

NINON.

Eh mais !… j’espère…
Que ce n’est pas avec des fripons.