Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/417

Cette page n’a pas encore été corrigée

Attendant que monsieur fasse un plus grand partage.

On remporte le coffre.
LISETTE.

J’y cours ; je sais compter.


LE JEUNE GOURVILLE.

L’adorable Ninon !


NINON., à M. Garant.

Pour remplir son devoir il faut peu de façon :
Vous le voyez, monsieur.


MONSIEUR GARANT.

Cela n’est pas dans l’ordre,
Dans l’exacte équité : la justice y peut mordre.
Cette caisse au défunt appartint autrefois,
Et les collatéraux réclameront leurs droits :
Il faut pour préalable en faire un inventaire.
Je suis exécuteur qu’on dit testamentaire.


LE JEUNE GOURVILLE.

Eh bien ! exécutez les généreux desseins
D’un ami qui remit sa fortune en vos mains.


MONSIEUR GARANT.

Allez, j’en suis chargé ; n’en soyez point en peine.

NINON.

Quand apporterez-vous cette petite aubaine
Des deux cent mille francs en contrats bien dressés ?
Et quand remplirez-vous ces devoirs si pressés ?


MONSIEUR GARANT.

Bientôt. L’oeuvre m’attend, et les pauvres gémissent :
Lorsque je suis absent tous les secours languissent.
Adieu…

Il fait deux pas, et revient.

Vous devriez employer prudemment
Ces quatre mille écus donnés légèrement.


NINON.

Eh ! fi donc !


MONSIEUR GARANT., revenant encore, la tirant à l’écart.

La débauche ! hélas ! de toute espèce
À la perdition conduira sa jeunesse.
Il dissipera tout, je vous en avertis.


LE JEUNE GOURVILLE.

Hem, que dit-il de moi ?


MONSIEUR GARANT.

Pour votre bien, mon fils,