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ACTE I, SCÈNE m. 281

SOZAME.

0, mon fils ! ô mon cher Indatire ! Ma fille est, je le sais, soumise à mon empire ; Elle est l’unique bien que les dieux m’ont laissé. J’ai voulu cet hymen, je l’ai déjà pressé ; Je ne la gêne point sous la loi paternelle ; Son choix ou son refus, tout doit dépendre d’elle. Que ton père aujourd’hui, pour former ce lien, Traite son digne sang comme je fais le mien ; Et que la liberté de ta sage contrée Préside à l’union que j’ai tant désirée. Avec ce digne ami laisse-moi m’expliquer : Va, ma bouche jamais ne pourra révoquer L’arrêt qu’en ta faveur aura porté ma fille. Va, cher et noble espoir de ma triste famille, Mon fils, obtiens ses vœux, je te réponds des miens.

INDATIRE.

J’embrasse tes genoux, et je revole aux siens.

SCÈNE III. HERMODAN, SOZAME i.

SOZAME.

Ami, reposons-nous sur ce siège sauvage. Sous ce dais qu’ont formé la mousse et le feuillage. La nature nous l’offre ; et je hais dès longtemps Ceux que l’art a tissus dans les palais des grands.

HERMODAN.

Tu fus donc grand en Perse ?

SOZAME.

Il est vrai.

HERMODAX.

Ton silence M’a privé trop longtemps de cette confidence. Je ne hais point les grands ; j’en ai vu quelquefois Qu’un désir curieux attira dans nos bois :

1. « La pièce est difficile à jouer, écrivait Voltaire. Elle a surtout besoin do doux vieillards qui soient naturels et attendrissants. »