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VARIANTES DU TRIUMVIRAT. 233

A i ; F I D E.

Dans leur camp retires, Antoine et son complice Ont fait tout préparer pour un départ soudain. Demain du Capitule ils prendront le chemin ; Ils vous y conduiront.

FU LVIE.

Leur marche triomphante N’est pas encor bien sûre, et peut être sanglante.

(AuCde sort.)

JU ME.

Que dites-vous ?

F U L V I E.

J’espère….

JULIE. En quels dieux ? en quels bras ?

F u L V I E.

J’espère en la vengeance.

J CLIE.

Elle ne suffit pas. Si je perds mon époux, que me sort la vengeance ? 11 dissimule en vain son auguste naissance ; Sa présence trahit un nom si glorieux, Sa grandeur mal cachée éclate dans ses yeux. Le perfide Agrippa, Ventidius peut-être, L’auront vu dans l’Asie, et vont le reconnaître. Ah ! périsse avec moi le détestable jour Où l’un des triumvirs, épris d’un vain amour, Des vrais Césars en moi voyant l’unique reste. Osa me destiner un rang que je déteste ! Tout est funeste en lui : sa triste passion Tient de la cruauté do sa proscription. Sur les autels d’hymen portant ses barbaries, Il y vient allumer le flambeau des furies. Le sang des nations commence d’y couler ; Et c’est Pompée enfin qu’il y doit immoler. J’aurais moins craint de lui s’il m’avait méprisée. Les dieux dans vos malheurs vous ont favorisée. Quand votre indigne époux vous a ravi son cœur ; La haine des tyrans est pour nous un bonheur. Mais plaire pour servir, ramper sous un barbare Qui traîne sa victime à l’autel qu’il prépare. Et recevoir de lui pour présent nuptial Le sang de mon amant versé par son rival ! Tombe plutôt sur moi cette foudre égarée Qui, frappant dans la nuit cette infâme contrée, Et se perdant en vain dans ces rochers affreux. Épargnait nos tyrans, et dût tomber sur eux !

FULVIE.

Et moi je vous prédis que du moins ce perfide K’accomplii’a jamais cet hymen homicide.

JULIE.

Je le sais comme vous ; ma mort l’empêchera.

FULVIE.

Et la sienne peut-être ici la préviendra.