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VAUIAXTES DU TUirMVIRAT. 24.^

ri I. VI i :. L’intérêt dans les cœurs doniino-t-il toujours ? À la simple pitié no peuvent-ils se rendre ? Apprenez que sa voix se fait encore entendre. Quand je voulus du sang ;, je n’eus point de refus ; Quand il faut pardonner, on ne m’écoute plus ! Cette grâce à vous-même est utile peut-être.

A \ T I N E. Aladame, il n’est plus temps : je n’en suis plus le maître. Son trépas importait à notre sûreté, Et l’arrêt aujourd’hui doit être exécuté.

FULVIE.

C’est assez, et ce trait manquait à votre outrage ; V’oilà ce que des cieux m’annonçait le présage. Quand la foudre, trop lente à punir les mortels, A brisé dans vos mains vos édits criminels ! C’est donc là de César cet ami magnanime I Allez, vous n’imitez qu’Achillas et Septime. Son nom vous était cher, et vous l’avez terni ; Et si César vivait, il vous aurait puni. Je rends grâce à l’affront qui tous deux nous sépare : C’est moi qui répudie un assassin barbare. Par un divorce heureux j’ai dû vous prévenir ; Et les nœuds des forfaits cessent de nous unir.

ANTOINE.

Je pardonne au courroux, et le droit de vous plaindre

Doit vous être laissé f[uand il n’est plus à craindre.

Ce n’est pas à Fulvie à me rien reprocher ;

De nos sévérités on la vit approcher ;

Sa main pour Cicéron montra peu d’indulgence.

Elle s’est emportée à quelque violence ;

Et je n’attendais pas qu’elle pût s’offenser

Des justes châtiments qu’on la vit exercer.

FULVIE.

H est vrai, j’ai trop loin porté votre vengeance ; J’en obtiens aujourd’hui la digne récompense. Je n’ai que trop rougi de l’excès d’un courroux Dont j’écoutai la voix en faveur d’un époux. A trop d’emportement je me suis avilie : Vous en étonnez-vous ? je vous étais unie ; Un moment de fureur a fait mes cruautés. Mais vous, toujours égal en vos atrocités, Vous, assassin tranquille et bourreau sans colère, Vous vous livrez sans peine à votre caractère ; Pour être moins barbare il vous faut des efforts. J’imitai vos fureurs, imitez mes remords.