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ACTE IV, SCtiNE III. 227

Est conforme auv horreurs dont les dieux l’ont remplie ; Et Ponil)(e, aux enfers descendant sans eflroi, Y va traîner Octave avec Antoine et moi.

AU F IDE.

Non, espérez encor ; les soldats de ces traîtres Ont chanj^é quelquefois de drai)eaux et de maîtres : Ils ont trahi Lépide ^ ; ils pourront aujourd’hui Vendre au fils de Pompée un mercenaire appui. Pour gagner les Romains, pour forcer leur hommage, —Il ne faut qu’un grand nom, de l’or et du courage. On a vu Marins entraîner sur ses pas-

Les mêmes assassins payés pour son trépas. Nous séduirons les uns, nous combattrons le reste. Ce coup désespéré peut vous être funeste ; Mais il peut réussir. Brutus et Cassius ^ N’avaient pas, après tout, des projets mieux conçus. Téméraires vengeurs de la cause commune, Ils ont frappé César et tenté la fortune.

\. Cette réflexion d’Aufide est très-convenable, puisqu’elle est fondée sur la vérité : car, après la bataille de Modène, qu’Antoine avait perdue, il eut la confiance de se présenter presque seul devant le camp de Lépide ; plus de la moitié des légions passa de son côté. Lépide fut obligé de s’unir avec lui, et cette aventure même fut l’origine du triumvirat. {Note de Voltaire.)

’2. Non-soulemont ceux de Minturne, qui avaient ordre de tuer Marins, se déclarèrent en sa faveur, mais étant encore proscrit en Afrique, il alla droit à Rome avec quelques Africains, et leva des troupes dès qu’il y fut arrivé. {Note de Voltaire.)

3. Il est constant que Brutus et Cassius n’avaient pris aucune mesure pour se maintenir contre la faction de César. Ils ne s’étaient pas assurés d’une seule cohorte ; et même après avoir comn)is le meurtre, ils furent obligés de se réfugier au Capitole. Brutus harangua le peuple du haut de cette forteresse, et on ne lui répondit que par des injures et des outrages ; on fut prêt de l’assiéger. Les conjurés eurent beaucoup de peine à ramener les esprits ; et loisque Antoine eut montré aux Romains le corps de César sanglant, le peuple, animé par ce spectacle, et furieux de douleur et de colère, courut le fer et la flamme à la main vers les maisons de Brutus et de Cassius ; ils furent obligés de sortir de Rome : le peuple déchira un citoyen nommé Cinna, qu’il crut être un des meurtriers. Ainsi il est clair que l’entreprise de Brutus, de Cassius, et de leurs associés, fut soudaine et téméraire Ils résolurent de tuer le tyran, à quelque prix que ce fût, quoi qu’il en pût arriver.

Il y a vingt exemples d’assassinats produits par la vengeance ou par l’enthousiasme de la liberté, qui furent l’effet d’un mouvement violent plutôt que d’une conspiration bien réfléchie et prudemment méditée. Tel fut l’assassinat du duc de Parme Farnèse, bâtard du pape Paul III ; telle fut même la conspiration des Pazzi, qui n’étaient point sûrs des Florentins en assassinant les Médicis, et qui se confièrent à la fortune. {Note de Voltaire.)