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ACTK III, SCÈNE VI. 2’î9

Et qui de ma clrmence est la cause ot io gage. IlLIE.

Aous parlez de clémence au milieu du carnage ! Hélas ! si tant de sang, de supplices, de morts. Ont pu laisser dans vous quelque accès aux remords ; Si vous craignez du moins cette haine publique, Cette horreur attachée au pouvoir tyrannique ; Ou, si quelques vertus germent dans votre cœur. En les mettant à prix n’en souillez point l’honneur ; N’en avilissez pas le caractère auguste. Est-ce à vos passions à vous rendre plus juste ? Soyez grand par vous-même.

OCTAVE.

Allez, je vous entends ; Et j’avais bien prévu vos refus insultants. Un rival criminel, une race ennemie…

JULIE.

Qui ?

OCTAVE.

Vous le demandez ! vous savez trop, Julie, Quel est depuis longtemps l’objet de mon courroux, Et Pompée…

JULIE.

Ah ! cruel, cjuel nom prononcez-vous ? Pompée est loin de moi : qui vous dit que je l’aime ?

OCTAVE.

Qui me le dit ? vos pleurs. Qui me le dit ? vous-même. Pompée est loin de vous, et vous le regrettez ! ^ ous pensez m’adoucir lorsque vous nVinsultez ! Lorsque de Rome enfin votre imprudente fuite Du sein de vos parents vous entraîne à sa suite !

JULIE.

Ainsi vous ajoutez l’opprobre à vos fureurs. Ah ! ce n’est pas à vous à m’enseigner les mœurs. Je ne suis point réduite à tant d’ignominie ; Et ce n’est pas pour vous que je me justifie. J’ai quitté mon pays que vous ensanglantez, Mes parents et mes dieux que vous persécutez. J’ai dû sortir de Rome où vous alliez paraître ; Mon père l’ordonnait, vous le savez peut-être ; C’est vous que je fuyais ; mes funestes destins Quand je vous évitais m’ont remise en vos mains.