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ACTE III, SCÈNE 111. 213

Élevé dans l’Asie, au milieu des combats,

Je n’ai connu de lui que ses assassinats ;

Et dans les champs d’honneur, ({u’il redoute peut-être,

Ses yeux, qu’il eût baissés, ne m’ont point vu paraître.

Antoine d’un soldat a du moins la vertu.

Il est vrai que mon bras ne l’a point combattu ;

Et depuis que mon père expira sous un traître.

Nous filmes ennemis sans jamais nous connaître.

Commençons par Octave ; allons, et (jue ma main.

Au bord de mon tombeau, se plonge dans son sein.

AUFIDE.

Venez donc chez Fulvie, et sachez qu’elle est prête D’Octave, s’il le faut, à vous livrer la tête. De quelques vétérans je tenterai la foi ; Sous votre illustre père ils servaient comme moi. On change de parti dans les guerres civiles : Aux desseins de Fulvie ils peuvent être utiles. L’intérêt, qui fait tout, les pourrait engager À vous donner retraite, et même à vous venger.

POMPÉE.

Je pourrais arracher Julie à ce perfide ?

Je pourrais des Romains immoler l’homicide ?

Octave périrait ?

AUFIDE.

Seigneur, n’en doutez pas.

POxMPÉE.

Marchons.

SCÈNE III.

POMPÉE, AUFIDE, JULIE.

JULIE,

Que faites-vous ? Où portez-vous vos pas ? On vous cherche, on poursuit tous ceux que cet orage Put jeter comme moi sur cet affreux rivage. Votre père, en Égypte, aux assassins livré. D’ennemis plus sanglants n’était pas entouré. L’amitié de Fulvie est funeste et cruelle ; C’est un danger de plus qu’elle traîne après elle : On l’observe, on l’épie, et tout me fait trembler ; Dans ces horribles lieux je crains de vous parler.