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ACTE II, SCÈNE IV. 203

FLLVIE.

Dq SCS plaintifs accents je me sens attendrir.

JULIE,

OÙ suis-jo ? et dans quels lieux les flots m’ont-ils jetée ! Je promène en tremblant ma vue épouvantée. Où marcher !… Quelle main m’offre ici son secours ? Et qui vient ranimer mes misérables jours ?

FLLVIE.

Sa gémissante voix ne m’est point inconnue. Avançons… Ciel ! que vois-je ! en croirai-je ma vue ? Destins qui vous jouez des malheureux mortels. Amenez-vous Julie en ces lieux criminels ? Ne me trompé-je point ?.. N’en doutons plus, c’est elle.

JULIE.

Quoi ! d’Antoine, grands dieux ! c’est l’épouse cruelle ! Je suis perdue !

FLLVIE.

Hélas ! que craignez-vous de moi ? Est-ce aux infortunés d’inspirer quelque effroi ? A oyez-moi sans trembler ; je suis loin d’être à craindre ; Vous êtes malheureuse, et je suis plus à plaindre.

JULIE.

Vous !

FULVIE.

Quel événement et quels dieux irrités Ont amené Julie en ces lieux détestés ?

JULIE.

Je ne sais où je suis : un déluge effroyable

Qui semblait engloutir une terre coupable.

Des tremblements affreux, des foudres dévorants,

Dans les flots débordés ont plongé mes suivants.

Avec un seul guerrier de la mort échappée,

J’ai marché quelque temps dans cette île escarpée ;

Mes yeux ont vu de loin des tentes, des soldats ;

Ces rochei-s ont caché ma terreur et mes pas ;

Celui qui me guidait a cessé de paraître,

À peine devant vous puis-je me reconnaître ;

Je me meurs.

FULVIE.

Ah, Julie !

JULIE.

Eh quoi ! vous soupirez !