Cassandre !
Objet sacré ! Chère épouse !…
Ah ! cruel
Il n’est plus de pardon pour ce grand criminel :
Esclave infortuné du destin qui me guide,
Mon sort en tous les temps est d’être parricide.
Mais je suis ton époux ; mais, malgré ses forfaits,
Cet époux t’idolâtre encor plus que jamais.
Respecte, en m’abhorrant, cet hymen que j’atteste :
Dans l’univers entier Cassandre seul te reste ;
La mort est le seul dieu qui peut nous séparer ;
Je veux, en périssant, te voir et t’adorer.
Venge-toi, punis-moi, mais ne sois point parjure :
Va, l’hymen est encor plus saint que la nature.
Levez-vous, et cessez de profaner du moins
Cette cendre fatale, et mes funèbres soins.
Quand sur l’affreux bûcher dont les flammes s’allument
De ma mère en ces lieux les membres se consument,
Ne souillez pas ces dons que je dois présenter ;
N’approchez pas, Cassandre, et sachez m’écouter.
Scène VI.
Enfin votre vertu ne peut plus s’en défendre ;
Statira vous dictait l’arrêt qu’il vous faut rendre.
J’ai respecté les morts et ce jour de terreur ;
Vous en pouvez juger, puisque mon bras vengeur
N’a point encor de sang inondé cet asile,
Puisqu’un moment encore à vos ordres docile,
Je vous prends en ces lieux pour son juge et le mien.
Prononcez notre arrêt, et ne redoutez rien.
On vous verra, madame, et du moins je l’espère,