En mêlant mes regrets à vos tristes soupirs,
Jure encor de venger tant d’affreux déplaisirs :
L’ennemi qui deux fois vous priva d’une mère
Nourrit dans sa fureur un espoir téméraire ;
Sachez que tout est prêt pour sa punition.
N’ajoutez point la crainte à votre affliction ;
Contre ses attentats soyez en assurance.
Ah ! Seigneur, parlez moins de meurtre et de vengeance.
Elle a vécu… je meurs au reste des humains.
Je déplore sa perte autant que je vous plains :
Je pourrais rappeler sa volonté sacrée,
Si chère à mon espoir, et par vous révérée ;
Mais je sais ce qu’on doit, dans ce premier moment,
À son ombre, à sa fille, à votre accablement.
Consultez-vous, madame, et gardez sa promesse.
Il sort avec Hermas.
Scène III
Vous qui compatissez à l’horreur qui me presse,
Vous, ministre d’un dieu de paix et de douceur,
Des cœurs infortunés le seul consolateur,
Ne puis-je, sous vos yeux, consacrer ma misère
Aux autels arrosés des larmes de ma mère ?
Auriez-vous bien, seigneur, assez de dureté
Pour fermer cet asile à ma calamité ?
Du sang de tant de rois c’est l’unique héritage ;
Ne me l’enviez pas, laissez-moi mon partage.
Je pleure vos destins ; mais que puis-je pour vous ?
Votre mère en mourant a nommé votre époux :
Vous avez entendu sa volonté dernière,
Tandis que de nos mains nous fermions sa paupière ;
Et si vous résistez à sa mourante voix,
Cassandre est votre maître, il rentre en tous ses droits.
J’ai juré, je l’avoue, à Statira mourante