Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Statira me la donne ; et ses ordres suprêmes
Au moment du trépas sont les lois des dieux mêmes.
Ce forcené Cassandre et sa funeste ardeur
Au sang de Statira font une juste horreur.

Hermas.

Seigneur, le croyez-vous ?

Antigone.

Seigneur, le croyez-vous ?Elle-même déclare
Que son cœur désolé renonce à ce barbare.
S’il ose encor l’aimer, j’ai promis son trépas :
Je tiendrai ma parole, et tu n’en doutes pas.

Hermas.

Mêleriez-vous du sang aux pleurs qu’on voit répandre ;
Aux flammes du bûcher, à cette auguste cendre ?
Frappés d’un saint respect, sachez que vos soldats
Reculeront d’horreur, et ne vous suivront pas.

Antigone.

Non, je ne puis troubler la pompe funéraire ;
J’en ai fait le serment ; Cassandre la révère.
Je sais qu’il est des lois qu’il me faut respecter ;
Que pour gagner le peuple il le faut imiter :
Vengeur de Statira, protecteur d’Olympie,
Je dois ici l’exemple au reste de l’Asie.
Tout parle en ma faveur, et mes coups différés
En auront plus de force, et sont plus assurés.

(Le temple s’ouvre.)

Scène II.

ANTIGONE, HERMAS, L’HIÉROPHANTE, prêtres, s’avançant lentement ; OLYMPIE soutenue par les prêtresses ; elle est en deuil.
Hermas.

On amène Olympie à peine respirante :
Je vois du temple saint l’auguste hiérophante
Qui mouille de ses pleurs les traces de ses pas ;
Les prêtresses des dieux la tiennent dans leurs bras.

Antigone.

Ces objets toucheraient le cœur le plus farouche,

(À Olympie.)

Je veux bien l’avouer… Permettez que ma bouche,