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ANNÉE 1776.

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9788. — À M. DUPONT, .
AVOCAT A COLMAR

Ferney, 15 juin.

Mon cher ami, le bon M. Roset arriva hier avec ses mille louis, qui disparaissent aujourd’hui. Il en faudrait encore quatre mille pour payer les folies utiles que j’ai entreprises. Il n’appartenait pas à un pauvre homme de lettres de fonder une jolie ville, dans laquelle on fait déjà pour environ cinq cent mille francs de commerce par an. Mon insolence me fait voir du moins quel bien les seigneurs pourraient faire dans leurs provinces, s’ils savaient demeurer chez eux. Ils aiment mieux dépenser cent mille écus à la cour pour obtenir une pension de deux mille. Leur folie ne vaut pas la mienne. Je m’y suis pris trop tard, mon cher ami, pour faire ce petit bien. M. Turgot, le père du peuple, m’encourageait. Il avait délivré mon petit pays des alguazils de la ferme générale et de la tyrannie des gabelles. La destitution de ce grand homme m’écrase, et je vais mourir en le regrettant.

Soyez sûr que je regrette aussi mon ami de Colmar[1] qui pense comme M. Turgot ; mais je ne regretterai guère la vie. Je vous embrasse tendrement.

Le vieux Malade, Voltaire.

9789. — À M. TURGOT[2].

17 juin.

Monsieur, le vieux malade de Ferney, toujours affligé, mais presque consolé par vos bontés, vous réitère ses respects, ses hommages et sa reconnaissance, et vous supplie, quand vous verrez votre vertueux ami[3] de vouloir bien lui faire lire pour vous deux seuls ce petit écrit[4], que je mets à vos pieds et aux siens.

9790. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Potsdam, 18 juin.

Je reviens après avoir visité mes demi-sauvages de la Prusse ; et, pour me corroborer, j’ai trouvé ici la lettre que vous avez bien voulu m’écrire[5].

  1. Dupont lui-même.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Malesherbes.
  4. L'Epitre à un homme. Voyez tome X, page 431.
  5. La lettre 9767.