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ANNÉE 1776.

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qui était le conseil de M. Turgot, on approuve donc les conseils qu’il a donnés. C’est encore là une des énigmes dont je ne puis deviner le mot. Je ne conçois rien à toute cette aventure.

Jouissez en paix de votre gloire, mon cher ami, vous et votre Menzicof, et vos Barmécides. Soutenez l’honneur des lettres, et faites trembler les sots pervers qui osent être jaloux de vous.

Je suppose que notre cher secrétaire perpétuel[1] est actuellement transplanté au Louvre. Je vais lui écrire. Je vous embrasse, je vous serre entre mes deux faibles bras. V.

9783. — A M. LAUJON[2].

A Ferney, 11 juin.

Un vieillard de quatre-vingt-trois ans, monsieur, reçut ces jours passés, presque en même temps, un amusement charmant[3] dont il est fort indigne et des reproches de M. le comte de La Touraille, d’avoir tardé trop longtemps à vous remercier. Je suis obligé de vous dire que le ballot dans lequel ce joli présent était enfermé n’arriva dans ma retraite qu’avant-hier. C’est un malheur qui arrive souvent aux pauvres gens qui vivent loin de la capitale. Mon malheur est d’autant plus grand que je suis éloigné de vous pour jamais ; et c’est ce qui redouble les obligations que je vous ai d’avoir bien voulu songer à moi, au milieu des plaisirs et de tous les agréments dont vous jouissez. Quoique je sois plus près des De profundis que de l'allegro, je sens cependant tout le prix de la grâce que vous me faites. Je suis aussi sensible à de jolies chansons que si je pouvais les chanter. Dans quelque genre que vous exerciez, monsieur, vos talents aimables, vous êtes toujours sûr de plaire. Je suis très-fâché du retardement qui m’a privé si longtemps de vos bontés et qui m’a empêché de vous en remercier.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments, toute l’estime et la reconnaissance que je vous dois, monsieur, votre, etc.

Le vieux Malade de Ferney.


50 . — C r, n E s p N D N G E. X V II I. 3

  1. D'Alembert
  2. Pierre Laujon, né à Paris le 13 janvier 1727, nommé en 1807 à l’Institut (Académie française), à la place de Portails, et mort le 14 juillet 1811.
  3. Les A-Propos de société, ou Chansons de M. L*** (Laujon), 1776, trois volumes in-8o.